lundi 20 février 2012

Androgynes, Butches, Camionneuses, Masculines... Et Femmes !

Androgynes, Butches, Camionneuses, Masculines, nous qui ne sommes pas reconnues dans les codes sociaux et hétéronormés, nous qui ne sommes pas acceptées comme des femmes à part entière, puisque de simples ersatz, nous aussi... Pourtant...

Nous passons des heures à courir les magasins pour trouver LE tshirt parfait, pour aller se montrer en boite. Oui, Le tshirt qui se mariera génialement avec notre jean délavé-déchiré-usé acheté tel quel à 80 euros (et non, maman, ca n'aurait pas eu la même gueule si je l'avais fait moi-même avec des ciseaux et de la javel, non je t'assure. Oui c'eut été plus économique, en effet.)

Nous passons des plombes à nous coiffer. Parce que l'effet décoiffé-sortie-du-pieu ne s'invente pas et que chaque mèche est soigneusement placé aérodynamiquement grace à la MGI (Marque de Gel Idéale) (après test de 72 produits différents - Que Vivelle et Fructis viennent taper chez les gouines pour son panel de consommatrices !)

Nous passons un temps fou à décider de ce qu'on va se foutre sur le cul. La différence avec les fem, c'est qu'elles font en sorte d'avoir l'air apprétées, endimanchées, soignées tandis que nous visons l'effet Nan-mais-j'ai-sauté-dans-le-premier-truc-qui-passait parce que nous, on vise la classe inée (même si elle est fake) plutôt que de prôner le fake visuel (personne n'est dupe, les fems aussi ont une sale gueule au réveil, on le sait on vous baise :D )

Nous hurlons à la mort devant le miroir en cas de boutons, points noirs, cheveux blancs ou rides. Et oui nous nous ruinons en crèmes diverses et variées pour sauver nos gueules.

Nous demandons, la larme à l'oeil, à notre chère et tendre, si notre cul n'est pas trop gros dans le jean cité plus haut. Et que oui nous attendons la réponse "Chérie, tu es magnifique et ce jean te fait un cul d'enfer" même si ce n'est pas tout à fait la vérité... La confiance en soi a toujours était plus forte qu'un cul parfait... Sachez le !

Nous allons acheter des tampons et/ou serviettes hygiéniques parce qu'aussi incroyable que cela puisse paraitre, il n'y a aucun lien de cause à effet entre les cheveux courts et les règles donc la féminité.

Nous faisons la vaiselle, la lessive, les courses, et que oui on peut aussi changer une roue. D'ailleurs, changer une roue ou déboucher les chiottes n'a jamais été une tâche d'homme, c'est juste que les femmes vous refilent les tâches qui les emmerdent en vous faisant croire que c'est super viril. Et nous au moins on sait programmer le magnétoscope ET le lave-vaisselle.

Nous aussi avons besoin de sentir un regard énamouré sur nos formes on ne peut plus féminines et que se sentir désirées est primordial ! C'est pas parce qu'on n'affiche pas nos nibards à la face du monde qu'ils ne méritent pas un peu d'attention.

Nous aimons nous faire retourner au lit. Nous ne sommes pas toutes actives et n'utilisons pas toutes un gode-ceinture. Active/Passive n'ont jamais été des roles définis par l'identité sexuelle ou visuelle.

Nous chialons comme des cruches devant Légende d'automne parce que quand même c'est triste. (Fonctionne avec n'importe quel autre film, oui vous pouvez pleurer devant le roi lion)

Nous lisons la presse féminine qui nous promet un corps de rêve en un mois ou closer. Nous n'aimons pas toutes la moto et le foot (et vu le nombre de nanas ultra féminines qui grimpent sur des bécanes et qui matent le foot, on peut bien tricoter des mouffles de notre coté si ca nous chante sans qu'on vienne nous emmerder)

Nous pouvons être en couple, et même pacsées et que la demoiselle, oh combien sexy, qui nous accompagne, ne passe pas le temps avec nous en attendant de trouver un homme. C'est fou, elle aime ca (la salope :D )

Nous aimons nous faire draguer (et en plus ca arrive.)

Nous nous débrouillons seule comme des grandes et que certaines nanas devraient se rendre compte qu'elles sont individuelles et peuvent se servir de leur neurone et des dix doigts associés.

mercredi 26 octobre 2011

Nouveau à suivre

Censored lance son mag en transhumance, histoire de vous tenir au courant du meilleur comme du pire du web ;)

N'hésitez pas à vous y accrocher

http://www.censored.fr/lemag/


samedi 8 octobre 2011

Qu'il reste une traînée de poudre derrière moi...

Penses-tu à moi parfois ? Penses-tu à Nous parfois ? A ce que nous avions ? A ce que nous avons perdu ? Du bon, du mauvais, ce n'est pas la question. Les raisons qui nous ont séparé, même combat.

Simplement. Bêtement je dirai même, hop tu es là, malgré moi. Une odeur, un son, une chanson, une lumière et tu me remontes comme un kebab mal digéré. Même loin tu ne disparais jamais tout à fait. Des mois, des années, des siècles en temps lesbien et pourtant il suffit d'un rien pour que tu fasses "pop" dans ma tête ! C'est presque exaspérant vu les efforts pour te faire disparaître. Seras-tu toujours en moi quoique je fasse, quoique je vive ? Devrais-je vivre avec ton souvenir comme un boulet ?

J'ose m'imaginer avec plein de petits boulets accrochés aux chevilles, même s'il ne s'agit pas de quotidien mais d'instants incontrôlés dont on ne parle pas. Pire que les cadavres dans les placards, les fantômes dans la mémoire. Il ne reste rien mais il y a tellement. Mouchoir sur le passé, Toi, Toi et Toi, vous n'existez plus. Tu es loin. Tu es mort(e). Je l'ai voulu ainsi, pourquoi ma volonté n'est pas entendue en moi ?

Tu n'es pas n'importe qui. Tu ES pour moi, même si je le refuse, même si je n'ai pas tout compris, pas tout accepté, pas tout pardonné. Tu existes quoique je ressente, amour ou colère, attraction ou rejet, distance ou proximité. Tu existes même si je rêve de t'extraire de mes tripes. Et je m'en veux parfois de me demander si tout ceci existe chez les concerné(e)s. Ai-je marqué autant que je l'ai été ? Suis-je encore importante ? Mon image existe t-elle encore dans les mémoires ? Je n'aurai pas les réponses mais, j'avoue, je le souhaite. Qu'une chanson te rappelle à moi ! Qu'une tournure de phrase te rappelle à moi. Que n'importe quoi te rappelle à moi. Avoir compté, rien qu'un peu. Qu'il reste quelque chose...

Qu'il reste une traînée de poudre derrière moi...


lundi 3 octobre 2011

Tourne

Derriere les volets fermés
Quand la lumiere transparait
Que se passe t il dans la vie des gens
Que disent ils lorsque nous sommes absents

Derriere les portes verouillées
Quand les voitures sont rentrees
Que se passe t il dans les lieux adjacents
Quel monstre se reveille pour faire peur aux enfants


Tourne tourne dehors
Tourne tourne encore
Les memes frayeurs, les memes torpeurs, les memes erreurs


Derriere les rideaux tirés
Quand les sons laissent deviner
Le mariage des corps dans une etreinte sensuelle
L'aventure d'un soir ou les promesses eternelles

Derriere les sourires figés
Quand les secrets laissent planer
Que personne ne sera present pour nous rattraper
Que nous sommes seuls quoi que l'on puisse imaginer




lundi 12 septembre 2011

Outre les mots, qui êtes-vous ?

Les mots nous identifient. "Je suis", suivi de tout et n'importe quoi, peut nous mettre en avant comme nous porter préjudice. Tout comme le "Tu es" peut être tout aussi positif que ruiner une existence. Se définir, définir quelque chose ou quelqu'un, change la façon dont on le voit, change la façon dont on est perçu dans un environnement donné. La façon que nous avons de nous exprimer est un indicateur pour les auditeurs, évidemment subjectif mais bien souvent proche d'une réalité.

Entre celui qui dit du bien de tous et celui qui dit du mal de tous. Entre celui qui entretient l’inconsistance et celui qui prouve la sienne en utilisant de grandes phrases qu'il ne maîtrise pas. Entre celui qui n'a pas toujours le même discours en fonction de ses interlocuteurs et celui qui s'avère intransigeant dans ses convictions. Entre la crêpe qui dit oui à tout et l'antisocial qui refuse tout en bloc par principe. Entre vous et moi, il ne s'agit alors que d'adaptation et de trouver un terrain d'équilibre. Etre un peu "vrai" quelque part.

De la même manière, le ton que l'on emploie peut changer du tout au tout le sens d'une phrase. Depuis l'utilisation intensive des sms et des mails, nous sommes dans l'obligation d'expliquer plus que de raison le sens de nos phrases, puisque l'intonation est manquante, l'interprétation en face est multiple et vous aurez remarqué que, rarement, nous nous comprenons du premier coup. D'ailleurs, il semble que le propre de l'Humain est de voir le pire dans tout ce que les autres disent, de voir une attaque là où il n'y en a pas. Si double-sens, le plus désagréable sera retenu, comme si nous partions systématiquement du principe que l'autre nous en veut. Ce qui n'est pas toujours le cas, même si je soupçonne de nombreux fourbes d'utiliser la rhétorique comme méthode d'asservissement. "Mais non voyons, je ne voulais absolument pas dire cela"... Le doute subsiste. Et une fois le doute installé, c'est le début des problèmes.

Lorsque quelqu'un lance une vérité "absolue" sur lui-même, on l'intègre tout en attendant une preuve. Outre quelques innocents acceptant les mots sans discuter, la plupart du temps, on s'en tient à un "j'entends" qui exige une preuve par A+B. C'est ainsi que l'on peut discerner la superficialité de la réalité. Et c'est ainsi que l'on voit des égos s'effondrer de ne pas être à la hauteur de leur propos. Beaucoup n'ont pas la capacité de se reconnaître Apprenti et s'accorde trop vite un statut qui n'existe pas. Ne pas être à la hauteur de ses paroles est pire que tout socialement. Décevoir, c'est perdre la prime confiance, difficile à reconquérir. Se présenter sous un faux-personnage, et ne pas tenir la barre, c'est traîner à terme la carte de la médiocrité. Merci et aurevoir. Je les détecte si vite que j'ai parfois envie de les mettre en garde, et puis, je me résigne, ils ne sont pas capables de m'entendre. J'ai essayé quelque fois et j'ai pris, systématiquement, un mur en réponse. Que puis-je dire sinon "Tant pis". Je regarde les feux de paille faire "pioutf" (très connu comme bruit si on prête l'oreille) et je continue ma route. Je m'y habitue.

Sans me vanter ni m'accorder plus de crédit que je ne puisse en attendre, j'ai une bonne moyenne de longévité dans les milieux que je fréquente. Et pourtant, actuellement, je suis loin de produire à plein régime, de me donner à fond. Il faut croire qu'humainement, mes quelques valeurs et principes soient significatifs, et ce que j'apporte réponde à une demande ou simplement résonne quelque part dans les tripes des gens. Je suis naturellement binaire, même si souvent je le déplore, et je suis incapable de dire "j'aime" lorsque c'est faux, même si cela peut m'apporter un bonus. Je ne sais ni être neutre, ni faire la Suisse ! Et j'ai bien souvent constaté qu'avoir dit ce que je pensais aux gens était positif dans les relations. Tout comme j'apprécie que l'on me recadre (objectivement, tacler pour tacler, j'apprécie moins forcément). Je n'aime pas tout ce que font mes amis, ca ne leur ôte pas leur talent pour autant. Surtout ceux qui ADORENT les pieds et me torturent avec ça ! :D (bande de salopards :D )

Je ne vais pas mentir, mes meilleurs amis sont des idiots ayant un complexe d'infériorité notoire et donc étant incapables de se vendre correctement. Je ne vais pas leur jeter la pierre, je me range dans leur camp. J'adore les grands moments où, chacun notre tour, nous nous rassurons et nous envoyons des fleurs pour nous remettre debout. "Mais enfin, tu es talentueux, arrête tes conneries" suivi souvent d'un "Ta gueule, tu ne fais pas mieux" :D ! Et nous nous gaussons de ceux qui font beaucoup de bruit pour rien, en nous détestant de ne pas être capables d'en faire autant. Quoique je me débrouille plutôt pas mal dans le brouhaha, même si je ne sais pas en tirer avantage ;-)

Je sais que ceux qui sont dans l'erreur ne se reconnaîtront pas, tandis que les complexés du talent vont liker sauvagement. Je sais que mon blog ne change pas le monde, n'apporte rien de plus. Je sais que ceux qui se sont convaincus d'être meilleurs que les autres ne se remettront jamais en question. Je sais que ceux qui se sentent comme des sous-merdes n'iront pas mieux après m'avoir lu. Je sais beaucoup de choses hein, vous avez vu... Preuve est faite que je ne sais rien de plus que les autres, et que je ne sauverai ni les autres, ni moi-même !

Bonne galère à tous.

(Ps : Merci de ne pas laisser cette page ouverte lors de votre suicide, je ne tiens pas à être tenue pour responsable :D )



samedi 3 septembre 2011

Qu'es-tu devenu, souvenir de mon enfance ?

Que deviens-tu ? Qu'est-il devenu ? Que fait-elle de sa vie ? Où sont-ils aujourd'hui ? La jolie fille. Le clown de service. La grosse tête. Le jemenfoutiste. L'inexistant. Et tous les autres.

Retourner une vieille photo de classe où, à l'époque, tu avais écris des noms qui étaient familiers, un quotidien. Une année pour certains, dix ans pour d'autres. Ce que tu étais hier est presque mort. La popularité est éphémère et ceux qui l'ont connu au collège, au lycée, doivent en parler avec nostalgie.

Je n'étais pas populaire étant jeune. Loin de là même. Différente, "à coté", je n'étais pas franchement intégrée et j'étais entourée d'amis comme moi. Je n'étais pas seule mais je me fondais dans la masse des "bizarres". Je n'avais pas le crédit de la normalité puisque j'avais des parents adoptifs (et à l'époque, l'adoption n'était pas prononcée, ce qui me ramenait au statut de "sans parents" ). D'office, il me fallait apprendre la différence. Et ajouté à ma situation familiale, je n'étais ni cool ni rebelle (ce qui a bien changé). J'aimais l'école, j'aimais apprendre et pire que tout, je lisais des livres sans images sans que l'on m'y oblige. Avoir un cerveau à l'adolescence c'est signer son arrêt de mort ! Et ayant débuté l'apprentissage de la musique très tôt, je n'avais pas franchement conscience que ne pas trainer sur des bancs le mercredi après-midi était socialement inacceptable. Pendant que les gens cool trainaient dans les rues, moi je faisais des gammes ! Rien à voir ;-)

Paradoxalement, j'ai découvert la clope, la drogue et le sexe très rapidement. On a les amis qu'on mérite ;-) et si je me suis pliée aux rites sociaux, je n'étais pas franchement emballée. Faire ce qu'il faut faire sans pour autant y trouver un intérêt. Mon adolescence, je l'ai endurée, coincée entre le mimétisme et l'individualité. Un soir, descendre des bières avec les potes dans un garage, le lendemain jouer du violon six heures non stop. Un jour, fumer des splifs en brassant du vent, le lendemain lire des essais philosophiques sur la finitude. J'ai aimé des gens, même s'ils ignoraient qui j'étais. Pour rien au monde, je ne reviendrai en arrière. Et quelque part, aujourd'hui, c'est un peu pareil, entre l'image sociale et le vrai Moi. La différence, c'est que désormais c'est un choix et savoir en jouer est une force.

Bien des années après, apprendre que le mec super populaire au lycée est devenu éboueur, que la nana super jolie est caissière chez Carrouf, m'a, sans culpabilité aucune, apporté une réelle satisfaction, voire un petit fond de jubilation sadique.
J'aimerai parfois faire des interventions dans les écoles pour dire "Aujourd'hui t'es un loser mais tu peux faire de demain ce que tu veux" ! Le neurone gagne sur la beauté ! La culture gagne sur les apparences. La confiance en soi est primordiale, même si elle est aléatoire. Un jour, tu as la possibilité de choisir. Les lieux, les gens, les mondes, ton existence. Ca nécessite pas mal de courage et d'efforts, rien ne tombe du ciel par magie (dommage hein :D ).

On a tous ce moment de flottement " et si j'avais fait un autre choix?" et c'est connu, des "Si", Paris, Bouteille et j'en passe. Tout comme des évènements indépendant de notre volonté ont changé notre vie. Et si ce n'était pas arrivé ? Des coups de bol ! Des galères ! Des plans foireux ! Des histoires de fou ! Dans la mesure où il est impossible de revenir en arrière, il faudra faire avec. Tout comme les retours d'évènements où l'on se dit "merde j'aurai du dire ça, ça et ça ! Ptain je crains". Trop tard ;-)

Aujourd'hui, je suis pas mal reconnue, je me sens exister et des gens m'aiment pour ce que je suis. Et pourtant,  dans le souvenir de quelques personnes, je ne suis restée une gamine mal dans sa peau. Tu as toujours 8 ans ! J'ai toujours 8 ans ! Tu as toujours 15 ans ! J'ai toujours 15 ans !

Il ne reste que des souvenirs de ce que j'étais hier, ni plus ni moins. Tout a changé depuis et tout changera encore. Ici aujourd'hui, demain ailleurs.

S'il ne reste pas grand chose du Moi de l'époque, il ne reste pas grand chose d'eux non plus.

Qu'es-tu devenu, souvenir d'une autre vie ?





jeudi 25 août 2011

Tatouer les âmes.

C'était hier. C'était il y a longtemps. C'était quand déjà ? Les souvenirs s'éparpillent, reviennent à l'occasion, sans logique et lorsque j'aimerai qu'ils remontent, c'est about:blank ! Ai-je réellement oublié la moitié de ce que j'ai vécu ou est-ce planqué dans un coin ? Souvent, en soirée, un détail de conversation me rappelle une anecdote, qui semblait perdue au fin fond de ma cervelle. Et à coté de ça, si je tente de me remémorer certains moments, je suis plus ou moins capable de les situer dans le temps, de résumer mais dans les détails.... Oh putain mais il s'est passé quoi en fait? C'est comme si je vous disais "1515?" vous me répondriez "Marignan" mais vous ne seriez pas forcément capable de me raconter en détail ce qui s'est passé. Et si je n'étais pas de cette bataille, je me demanderai presque si j'étais de certains évènements.

Comme les rêves que l'on oublie de minute en minute après s'être réveillé, ce qui était frais l'année dernière est nettement plus flou aujourd'hui. Je me rappelle de moins en moins. Je dois avoir un disque dur à capacité réduite. Et le drame, c'est que je me souviens encore parfaitement de certaines choses qui n'ont strictement aucune utilité, genre la conjugaison des verbes irréguliers en espagnol ou pire, un texte appris par coeur en 6ème. Mais la première nuit avec Elle ou Elle s'est à moitié effacée, des tas de soirées ne sont plus que des flous artistiques (bien que je sois certaine d'y avoir assisté), des discussions majeures dont je ne garde que les grandes lignes. On ne pourrait pas un peu décider de sa mémoire sélective sérieusement ? Parce qu'il y a un tas de souvenirs négatifs qui sont comme Foncia, clairs, net et précis et je ne n'en ai pas particulièrement utilité (outre ne pas refaire les mêmes conneries mais bon un post-it sur le frigo pourrait faire l'affaire, même si mon frigo est planqué au fond de la cuisine - J'pourrai très bien coller des post-it sur mon écran et vu le nombre conséquent de mes conneries, ne plus rien voir du tout :D )

Mais il y a quand même une forme de frustration et un fond de culpabilité à avoir zappé certaines choses ! Il semble que les émotions rendent certains instants un peu surréalistes, empêchant une impression précise dans la mémoire ! Du haut du petit nuage où tu planes de bonheur, tu ne vois pas tout très bien. En clair, t'as intérêt de prendre des tonnes de photos des grands moments de ta vie sinon c'est comme si t'avais passé la moitié du temps dans les chiottes ! Ce qui explique surement pourquoi tous les couples qui se marient embauchent un photographe :D (outre le fait que tu ne puisses pas être partout). Me connaissant, le jour de mon mariage, je me souviendrai de la couleur du costard du maire et pas d'avoir échangé les alliances ! De ma communion, je ne me souviens que de la nana dont les cheveux avaient pris feu à cause du cierge du mec derrière. Pour tout le reste, il y a kodak ! (oui j'ai été catholiquement maltraitée mais j'ai survécu)

Alors finalement, que restera-t-il dans dix ans de ces moments qui ont compté ? Qu'en reste-t-il déjà aujourd'hui ? De ces amours qui disparaissent peu à peu, remplacés par de nouveaux ? De ces moments de complicité indescriptibles qui ne reviendront plus ? De ces heures à refaire le monde ? De tout ce qui nous a construit ? Je me souviens de toi... Il me semble... Encore un peu...

Le gout et l'odeur d'une peau, le son d'une voix, des intonations, les lieux, les contextes, les ressentis... Ma mémoire n'est pas en marbre, rien n'est gravé définitivement, à quelques exceptions près. Il suffit pourtant, parfois, d'un rien, pour être renvoyé malgré soi à un instant T. Une lumière particulière, une chanson écoutée à une époque, une expression, un bruit... Aucun contrôle sur la boite noire. J'ai comme un écho d'impuissance dans la tête.

Zazie est une grosse menteuse, comme Barbie, lorsqu'elle chante "ça"
"tes yeux, ta voix, tes mains sur moi, toujours ça reste là
Le jour et l'heure, ta peau, l'odeur, l'amour ça reste là"

Peu importe combien j'ai aimé... Peu importe l'intensité... Le temps passe et vole un peu de ce que j'ai vécu, un peu de Moi, un peu de "Nous"...

Ne reste qu'à s'employer à laisser une empreinte indélébile, y mettre toute son énergie. Ne pas devenir une ombre parmi les ombres.
Tatouer les âmes.