samedi 3 septembre 2011

Qu'es-tu devenu, souvenir de mon enfance ?

Que deviens-tu ? Qu'est-il devenu ? Que fait-elle de sa vie ? Où sont-ils aujourd'hui ? La jolie fille. Le clown de service. La grosse tête. Le jemenfoutiste. L'inexistant. Et tous les autres.

Retourner une vieille photo de classe où, à l'époque, tu avais écris des noms qui étaient familiers, un quotidien. Une année pour certains, dix ans pour d'autres. Ce que tu étais hier est presque mort. La popularité est éphémère et ceux qui l'ont connu au collège, au lycée, doivent en parler avec nostalgie.

Je n'étais pas populaire étant jeune. Loin de là même. Différente, "à coté", je n'étais pas franchement intégrée et j'étais entourée d'amis comme moi. Je n'étais pas seule mais je me fondais dans la masse des "bizarres". Je n'avais pas le crédit de la normalité puisque j'avais des parents adoptifs (et à l'époque, l'adoption n'était pas prononcée, ce qui me ramenait au statut de "sans parents" ). D'office, il me fallait apprendre la différence. Et ajouté à ma situation familiale, je n'étais ni cool ni rebelle (ce qui a bien changé). J'aimais l'école, j'aimais apprendre et pire que tout, je lisais des livres sans images sans que l'on m'y oblige. Avoir un cerveau à l'adolescence c'est signer son arrêt de mort ! Et ayant débuté l'apprentissage de la musique très tôt, je n'avais pas franchement conscience que ne pas trainer sur des bancs le mercredi après-midi était socialement inacceptable. Pendant que les gens cool trainaient dans les rues, moi je faisais des gammes ! Rien à voir ;-)

Paradoxalement, j'ai découvert la clope, la drogue et le sexe très rapidement. On a les amis qu'on mérite ;-) et si je me suis pliée aux rites sociaux, je n'étais pas franchement emballée. Faire ce qu'il faut faire sans pour autant y trouver un intérêt. Mon adolescence, je l'ai endurée, coincée entre le mimétisme et l'individualité. Un soir, descendre des bières avec les potes dans un garage, le lendemain jouer du violon six heures non stop. Un jour, fumer des splifs en brassant du vent, le lendemain lire des essais philosophiques sur la finitude. J'ai aimé des gens, même s'ils ignoraient qui j'étais. Pour rien au monde, je ne reviendrai en arrière. Et quelque part, aujourd'hui, c'est un peu pareil, entre l'image sociale et le vrai Moi. La différence, c'est que désormais c'est un choix et savoir en jouer est une force.

Bien des années après, apprendre que le mec super populaire au lycée est devenu éboueur, que la nana super jolie est caissière chez Carrouf, m'a, sans culpabilité aucune, apporté une réelle satisfaction, voire un petit fond de jubilation sadique.
J'aimerai parfois faire des interventions dans les écoles pour dire "Aujourd'hui t'es un loser mais tu peux faire de demain ce que tu veux" ! Le neurone gagne sur la beauté ! La culture gagne sur les apparences. La confiance en soi est primordiale, même si elle est aléatoire. Un jour, tu as la possibilité de choisir. Les lieux, les gens, les mondes, ton existence. Ca nécessite pas mal de courage et d'efforts, rien ne tombe du ciel par magie (dommage hein :D ).

On a tous ce moment de flottement " et si j'avais fait un autre choix?" et c'est connu, des "Si", Paris, Bouteille et j'en passe. Tout comme des évènements indépendant de notre volonté ont changé notre vie. Et si ce n'était pas arrivé ? Des coups de bol ! Des galères ! Des plans foireux ! Des histoires de fou ! Dans la mesure où il est impossible de revenir en arrière, il faudra faire avec. Tout comme les retours d'évènements où l'on se dit "merde j'aurai du dire ça, ça et ça ! Ptain je crains". Trop tard ;-)

Aujourd'hui, je suis pas mal reconnue, je me sens exister et des gens m'aiment pour ce que je suis. Et pourtant,  dans le souvenir de quelques personnes, je ne suis restée une gamine mal dans sa peau. Tu as toujours 8 ans ! J'ai toujours 8 ans ! Tu as toujours 15 ans ! J'ai toujours 15 ans !

Il ne reste que des souvenirs de ce que j'étais hier, ni plus ni moins. Tout a changé depuis et tout changera encore. Ici aujourd'hui, demain ailleurs.

S'il ne reste pas grand chose du Moi de l'époque, il ne reste pas grand chose d'eux non plus.

Qu'es-tu devenu, souvenir d'une autre vie ?





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